Le plus grand récif artificiel d’Europe est Marseillais
Innovation pour la biodiversité marine : le récif artificiel de Cortiou, une renommée mondiale
A Marseille se situe le plus grand récif artificiel de Méditerranée, mais aussi d’Europe, il est reconnu mondialement comme étant une innovation pour la biodiversité marine. Connaissez-vous l’histoire à l’origine de cette gigantesque installation ?
Jusqu’à la fin de 20ième siècle, les eaux usées de particuliers et d’industriels se déversaient directement dans les eaux de la côte Marseillaise, aux alentours du Prado, plus spécifiquement dans la Calanque de Cortiou. Marseille fût une des dernières villes côtières de France à avoir une station d’épuration, c’est pourquoi jusqu’en 1975, la mer était polluée jusqu’à 47km au large de la côte. Cette pollution a impliqué la disparition de la biodiversité marine, poissons, coraux, algues, tout avait disparu.
En 1987, la station d’épuration a été mise en place, et de nombreuses actions ont été entreprises pour améliorer la qualité des eaux rejetées dans la mer. Bien que la qualité de l’eau se soit nettement améliorée depuis ces installations, la nature avait, malgré tout, beaucoup de mal à reprendre ses droits, et la biodiversité marine restait encore très faible.
De là est né le projet REXCOR (Restauration Expérimentale des petits fonds côtiers de la calanque de CORtiou), construit à partir d’une proposition d’idées de différentes entreprises impliquées dans la biodiversité (EGIS, Architeuthis et CDC Biodiversité). Ces derniers stipulaient que le retour de la vie marine ne se ferait pas tant que le substrat à coloniser serait de mauvaise qualité (car marqué par de nombreuses années de pollution), et ce, même si la qualité de l’eau est très correcte. C’est pourquoi ils proposaient de créer des substrats neufs sur lesquels la vie pourra de nouveau s’appuyer pour se développer. La bonne qualité du substrat est essentielle à la vie marine. Ce substrat va conditionner la reproduction des espèces, permettre aux animaux et végétaux de croître, se protéger des prédateurs et des phénomènes météorologiques ainsi que de trouver de la nourriture.
Pour ce projet, 10 millions d’euros ont été investis (6 millions pour la construction et l’installation des récifs, 4 millions pour le coût de fonctionnement et les études nécessaires au suivi). Le projet a permis à 401 récifs d’être immergées à 25 mètres de profondeur, avec plusieurs formes, de façon à attirer et abriter différentes espèces. Ils se situent entre la Corniche et l’archipel du Frioul et se différencient selon 3 types de morphologie.
Les 3 types de récifs installés :
- Récif fractal : Large plaques de béton placées à des niveaux différents, pour recréer les conditions d’un récif, sa fonction principale est l’habitat des espèces sous-marines.
- Récif rague : Plaques de béton superposées, séparées d’un espaces plus ou moins large, permettant l’habitat et la reproduction des espèces.
- Récif connectivité : Tubes grillagés remplis de coquilles d’huîtres et de fibres végétales, permettant aux espèces juvéniles de s’y réfugier, comme une sorte de nurserie
En 2018, Marseille fêtait les 10 ans de l’installation, avec un bilan plutôt positif. Au total, le nombre d’espèces de poissons a triplé et la biodiversité générale marine est en croissance. Les résultats sont très concluants et sont porteurs d’espoir tant au niveau écologique qu’au niveau socio-économique pour ceux qui vivent de la mer. Par ailleurs, 10 années de suivi ne sont pas suffisantes pour affirmer la réelle efficacité du projet. C’est pourquoi une étude sur 4 ans va être mise en place pour confirmer cette impression.